Gorée Regards sur cours

 

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En hommage à Ousmane Sow [1], disparu en décembre dernier, Béatrice Soulé  a présenté au Centre socioculturel Joseph Babacar Ndiaye de Gorée une installation photo-vidéo intitulée

Il faut tenir compte de la stature du sculpteur

 expo Gorée 

 

Parallèlement à cette exposition placée sous son égide, l’Institut Français de Dakar a organisé le samedi 29 avril à 20h30 une soirée en hommage à Ousmane Sow, dans son théâtre de Verdure où ont été projetés les deux films de Béatrice Soulé : Ousmane Sow et Ousmane Sow, le soleil en face.

O ATELIER LITTLE BIG HORN

Cette projection a été relayée par nombre d’ Instituts Français et par plus de quarante Alliances Françaises à travers le monde, donnant à cet hommage un caractère international, et faisant de Gorée – Regards sur cours l’initiatrice de ce moment.

Bernard Lavilliers que l’artiste écoutait chaque matin en faisant du sport, est venu spécialement de Paris interpréter pour lui « Les mains d’or », chanson préférée d’Ousmane Sow, 

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L’installation, dans l’intimité de l’atelier

Sur l’écran défilent les images de l’artiste au travail et celles des carreaux multicolores de sa maison (qu’il fabrique lui-même avec la matière de ses sculptures), les murs de l’exposition s’habillent de grands carreaux aux couleurs similaires. Ils servent de support à des photographies de l’artiste face à son oeuvre, en des tableaux représentatifs de sa création selon les dominantes de couleurs: Séries africaines, Little Big Horn, Victor Hugo, bronzes aux Fonderies de Coubertin, et bien sûr le Sphynx, cette maison qu’il considérait comme une oeuvre à part entière, indissociable de sa création.

Car il ne s’agit pas ici de présenter une exposition de photographies, mais d’immerger le spectateur dans l’univers du sculpteur.

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Cette installation a été créée en Juillet 2007 à Arles, avec Actes Sud, à l’occasion des Rencontres de la photographie.

Elle donne à voir ce que Béatrice Soulé a toujours considéré comme son « devoir de mémoire », accompli au long du parcours au cours duquel elle a accompagné l’artiste au quotidien pendant les vingt années décisives de sa carrière, depuis la production de la mythique exposition du Pont des Arts au suivi de la réalisation des bronzes, en passant par le commissariat et la scénographie de toutes ses expositions.

C’est ici un document unique, car il représente un an de travail d’Ousmane Sow sur les onze chevaux et vingt trois personnages de la Bataille de Little Big Horn, qu’elle a filmé seule dans l’intimité de l’atelier, tout en préparant les expositions de Dakar et de Paris.  

Ce sont ici des images rares car on y voit l’artiste réellement au travail. Un travail en dehors de toute mise en scène tant Ousmane Sow, en confiance, oubliait sa présence.

Une bande son originale sous-tend les images. Les sons, composés par Mino Cinelu, se fondent aux bruits de mer, aux chants d’oiseaux, aux rumeurs d’avions et aux sons de l’atelier : feu, eau, paille, ciseaux et  outils divers. Vrais et faux vents s’entremêlent, tandis que percussions, houdous et flûtes lancinantes accompagnent le spectacle hallucinatoire de l’artiste au coeur de sa création, un artiste comme transpercé par une force venue d’ailleurs.

 

 

 

 

regardsurcoursgoree.com

Ousmane Sow

Membre de l’Académie des Beaux-Arts – Commandeur de la Légion d’honneur – Commandeur des Arts et Lettres – Commandeur de l’Ordre National du Lion

 Ousmane Sow est né à Dakar en 1935. Sculptant depuis l’enfance puis tout en exerçant son métier de kinésithérapeute, c’est seulement à l’âge de cinquante ans qu’il se consacre entièrement à la sculpture.

S’attachant à représenter l’homme, il travaille par séries et s’intéresse aux ethnies d’Afrique puis d’Amérique. Puisant son inspiration aussi bien dans la photographie que dans le cinéma, l’histoire ou l’ethnologie, son art retrouve un souffle épique que l’on croyait perdu. Fondamentalement figuratives, témoignant toutefois d’un souci de vérité éloigné de tout réalisme, ses effigies plus grandes que nature sont sculptées sans modèle. Ces figures ont la force des métissages réussis entre l’art de la grande statuaire occidentale et les pratiques rituelles africaines.

Avec l’irruption de ses Nouba au milieu des années 80, Ousmane Sow replace l’âme au corps de la sculpture, et l’Afrique au cœur de l’Europe. En passant d’un continent à un autre, il rend hommage, dans sa création sur la bataille de Little Big Horn, aux ultimes guerriers d’un même soleil.

Des peuplades africaines aux Indiens d’Amérique, il recherche le fluide de ces hommes debout. Comme s’il s’agissait d’offrir en miroir à ces ethnies nomades, fières et esthètes, cet art sédentaire qui leur fait défaut: la sculpture.

 Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, l’artiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Kassel en Allemagne. Puis, en 1995 à Venise, au Palazzo Grassi, à l’occasion du Centenaire de la Biennale.

Son exposition sur le Pont des Arts au printemps 1999 attira plus de trois millions de visiteurs.

Depuis, son œuvre a été exposée dans plus d’ une vingtaine de lieux, dont le Whitney Museum à New York.

Le 11 Décembre 2013, il fait son entrée à l’Académie des Beaux Arts.

 Jusqu’à son décès le 1° Décembre 2016, Ousmane Sow travaillait à la création de petites sculptures Nouba, à celle de sculptures animées aujourd’hui inachevées, et à celle de sculptures en hommage aux grands hommes qui marquèrent sa vie.

 Oeuvre

En 1984 Ousmane Sow réalise sa première série de sculptures : les Nouba

En 1988, naissent les Masaï, en 1991 les Zoulou, et en 1993 les Peulh.

En 1999 il crée  La bataille de Little Big Horn, une série de trente-cinq pièces exposées sur le Pont des Arts, exposition qui réunit toutes ses séries.

        En 2001, il confie aux Fonderies de Coubertin la réalisation de ses premiers bronzes, réalisés à partir de ses originaux. Plus de vingt grands bronzes et une vingtaine de petits bronzes (série Petits Nouba) ont depuis vu le jour.

Cette même année, il réalise une commande pour le Comité International des Jeux Olympiques, Le coureur sur la ligne de départ, aujourd’hui installé au Musée des Jeux Olympiques à Lausanne.

En 2002, il crée, à la demande de Médecins du Monde, une sculpture de Victor Hugo pour la Journée du refus de l’exclusion et de la misère.

Le bronze de cette sculpture a été commandé par la municipalité de Besançon, ville natale du poète et installé dans cette ville, à l’automne 2003, place des Droits de l’Homme.

         En 2008, le maire de Genève commande à Ousmane Sow une œuvre destinée à son combat pour la régularisation des sans-papier. Cette œuvre, intitulée L’Immigré, a été installé au coeur de Genève.

En 2009, il réalise la sculpture de l’épée d’académicien de Jean-Christophe Rufin Cette sculpture représente Colombe, le personnage emblématique de son roman Rouge Brésil.

En 2011, il réalise une œuvre intitulée L’Homme et l’enfant , destinée compléter un ensemble des trois sculptures existantes par la représentation d’un anonyme, un Juste, cachant un enfant sous son manteau, pour le déplacement du monument aux morts de Besançon.

En 2013, il fait son entrée à l’Académie des Beaux-Arts, et créé le pommeau de sa propre épée, représentant un nouba faisant un saut dans le vide.

En 2013, reprenant le thème développé dans Toussaint Louverture et la vieille esclave (oeuvre installée au Museum of African art de la Smithsonian Institution à Washington), il répond à une commande de la Ville de La Rochelle et réalise une nouvelle effigie de Toussaint Louverture pour le Musée du Nouveau Monde. Cette sculpture rejoindra sa série intitulée Merci  , en hommage aux grands hommes qui ont marqué sa vie : Victor Hugo, Nelson Mandela, Charles de Gaulle, Toussaint Louverture, L’Homme et l’enfant et son propre père, Moctar Sow.

Sa dernière création est une sculpture intitulée « Le Paysan », de cinq mètres de haut, commandée par la Présidence de la République du Sénégal et l’Agence de la Francophonie. Cette sculpture devrait être installée en bronze  devant le Centre international de conférence Adbou Diouf à Diamnadio, pas très loin de Dakar.

 

Jusqu’à son décès le 1° Décembre 2017, Il restera hanté par la réalisation de sculptures animées, aujourd’hui inachevées, sur lesquelles il travaillait avec passion.

 

 Béatrice Soulé

En 1999, Béatrice Soulé produit l’exposition d’Ousmane Sow à Dakar, et à Paris sur le Pont des Arts. Cette exposition, dont elle est commissaire et scénographe, attira plus de trois millions de visiteurs.

Pendant plus de vingt ans, Béatrice Soulé produit des documentaires dont elle est l’auteur et met en scène des évènements télévisuels dont elle assure également la production :»  Parvis des Libertés et des Droits de l’homme » Place du Trocadéro à Paris, « Le premier rêve de l’Arche » à l’Arche de la Défense pour le Bicentenaire de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « l’Eté de Prague », en direct du Pont Charles pour le première Fête de la musique à Prague en 1990, etc

En 1991, elle produit trente films “Contre l’Oubli” à l’occasion du trentième anniversaire d’Amnesty International et reçoit la Rose d’Or de Montreux pour son film « Silences ».

Depuis, nombre de ses réalisations ont été primées à travers le monde ( Midem Cannes 89, Rose d’Or Montreux 91, Rose d’Argent Montreux 93, Bannf Festival 93, FIFA 2001)

Son film Ousmane Sow, réalisé en 95 pour Canal + et ARTE, a été sélectionné pour la Biennale du film d’Art à Beaubourg en 1996, pour le Festival du film sur l’Art de Montréal en 1997, et nominé aux International Emmy Awards à NewYork en Novembre 1997.

 Le film Ousmane Sow, le soleil en face, qu’elle produit et réalise en 1999, retrace l’aventure de l’exposition du Pont des Arts, la création et l’histoire de Little Big Horn et celle du film en gestation. Il a reçu le prix du meilleur documentaire au Festival International du Film d’Art de Montréal (FIFA 2001)

 Depuis l’exposition du Pont des Arts en 99, elle a poursuivi sa collaboration avec Ousmane Sow, disparu le 1° Décembre 2017, en assurant le commissariat et la scénographie de toutes ses expositions, l’édition de ses livres et catalogues (parmi lesquels Même Ousmane Sow a été petit dont elle écrit également le texte), et en continuant à filmer et photographier Ousmane Sow et ses œuvres, au fil de ses créations.